Un micro pour l’humour francophone

Écrit par : Isaac Lamoureux

6 février 2022

Mots-clés : Arts et cultureFrancophonieThéâtre

Josée Thibeault, Steve Jodoin et Vincent Forcier sur scène
De gauche à droite : Josée Thibeault (éclatant de rire), Steve Jodoin (regardant la foule) et Vincent Forcier (vérifiant ses notes). Crédit : Isaac Lamoureux

Depuis le 19 janvier, les francophones sont invités tous les troisièmes mercredis du mois à fouler les planches du théâtre Grindstone, à Edmonton, pour partager leurs talents et faire vibrer la francophonie par l’humour. Que vous soyez amateur ou professionnel, le micro est ouvert pour vous, à vous de convaincre le public!

Isaac Lamoureux
IJL – Réseau.Presse – Le Franco

Organisée en partenariat avec L’UniThéâtre, la première soirée «micro ouvert» a débuté vers 19 h devant une audience parsemée. Les instigateurs du projet, Steve Jodoin, Vincent Forcier et Josée Thibeault, des artistes bien connus de la francophonie albertaine, ont présenté Papa en télétravail. Les péripéties d’un père qui passe un entretien d’embauche sur Zoom avec ses trois enfants en arrière-plan obligés de faire l’école à la maison.

Il s’en est suivi d’autres numéros écrits pour la revue humoristique Le Rire présentée à L’UniThéâtre. Si la majorité du spectacle était en français, certains des poèmes de Josée Thibeault étaient en franglais. «Je trouvais cela intéressant de présenter un texte bilingue au Grindstone, un lieu où il y aurait des anglophones dans la salle!»

«Je trouvais cela intéressant de présenter un texte bilingue au Grindstone, un lieu où il y aurait des anglophones dans la salle!» Josée Thibeault

Le début d’une belle tradition

Malgré une participation en demi-teinte pour cette première soirée, Vincent Forcier a «trouvé qu’il y avait vraiment une belle énergie». Optimiste, il anticipe et espère de plus en plus de participants, assez pour faire un spectacle hebdomadaire. Même si le théâtre Grindstone n’a pas encore un bassin d’artistes et de clients francophones, il insiste sur le fait que «cet événement est une place pour venir découvrir, développer, et grandir ensemble».

Un micro ouvert à la francophonie, c’est plus qu’une pièce de théâtre, c’est aussi une invitation à l’échange. «On peut voir le spectacle, discuter et prendre une bière. C’est ce moment social qui est intéressant», dit le directeur artistique de L’UniThéâtre, Steve Jodoin. Il explique que ça permet aussi à la communauté francophone de se rassembler en dehors des organismes traditionnels et de venir passer une belle soirée ensemble. «L’essentiel,c’est de se rencontrer, de parler et de rire ensemble». Et peu importe si les comédiens sont expérimentés ou non.

«L’essentiel,c’est de se rencontrer, de parler et de rire ensemble.» Steve Jodoin

Steve Jodoin explique que cet événement mensuel est aussi une invitation aux aspirants comédiens qui ont des idées, qui écrivent sur des bouts de papier, mais qui n’auront peut-être jamais la possibilité de présenter ce matériel ailleurs que sur cette scène. «Ici, ils peuvent prendre cinq minutes, monter sur scène et le micro est à eux. Il y a une certaine liberté.»

Promouvoir la langue et la communauté francophone plurielle

«Le but est de partager notre humour et notre langue», explique Vincent Forcier. Il insiste d’ailleurs sur l’aspect de la mixité culturelle qui peut exister entre les francophones, les francophiles et les anglophones, tout en signalant la diversité au sein même de la francophonie. Il est certain que sur tous les continents, l’humour francophone a ses différences et, selon lui, cette scène est le lieu idéal pour les découvrir.

Graziella après être montée sur scène

Graziella juste après être montée sur scène. Crédit : Isaac Lamoureux

Un état de fait très vite illustré par Graziella sous les applaudissements du public. La directrice administrative de L’UniThéâtre s’est présentée sur scène pour la première fois de sa vie. L’artiste amateur a pris son courage à deux mains pour «montrer au reste du public et à la communauté qu’il est possible de monter sur scène sans être une actrice».

Nerveuse pendant les premières minutes, elle s’est vite adaptée grâce à l’ambiance chaleureusement et le lien qu’elle a su créer avec son public. Ivoirienne d’origine, elle a fait éclater de rire la foule en évoquant son expérience linguistique et les confusions liées à la langue française et ses régionalismes. Celle qui a aussi vécu en France a su divertir le public grâce aux différences dialectiques entre Paris, Abidjan et Edmonton. Après sa prestation et son rapide entretien avec la rédaction du journal, Graziella sourit : «J’avais l’impression d’être une star, ça encourage!»