Le slam comme vecteur de francophonie
Écrit par : Isaac Lamoureux
23 avril 2022
Mots-clés : Arts et culture, Divertissement, Théâtre
Le 24 mars dernier, le premier festival Slam m’amuse a été présenté par le Campus Saint-Jean. Dirigés par le professeur et metteur en slam Bernard Salva, les étudiants du cours de Créativité et jeu dramatique (ADRAM-FRANC 249) ont donné leur propre performance puissante et poétique. Accompagnés par le rythme des percussions, les vers ont inspiré et uni la communauté francophone.
Isaac Lamoureux
IJL – Réseau.Presse – Le Franco
La slammeuse franco-albertaine Josée Thibeault a démarré le spectacle puis une quinzaine d’élèves ont pris la relève. Chants, danses et poèmes ont enchanté la soirée. Alors que certains ont choisi d’exprimer leur lutte personnelle, d’autres ont préféré évoquer certaines problématiques du monde d’aujourd’hui.
Bien qu’ils n’étaient qu’une trentaine de spectateurs dans l’amphithéâtre du Campus Saint-Jean, les applaudissements constants ont fait oublier les 200 places disponibles. Certains étaient là pour profiter de cet évènement théâtral, d’autres pour soutenir leurs amis qui brûlaient les planches.
Étudiante au Campus Saint-Jean dans sa deuxième année, McKenna Chappell s’est déplacée après avoir lu une des affiches installées sur le mur du Campus. «Je ne suis jamais allé au slam, mais j’ai vraiment aimé», dit la jeune francophile. Elle ajoute que si l’évènement se reproduit, elle veut absolument y retourner.
Bernard Salva, le metteur en scène, désire que le Campus Saint-Jean soit vivant. «On veut mettre en valeur les étudiants.» Professeur de cette cohorte d’artistes, il souligne que le fait de monter sur scène peut par la suite faciliter les interactions sociales pour de nombreux étudiants. Il ajoute que ce qu’ils ont vécu sera un merveilleux souvenir du Campus Saint-Jean après leur scolarité. «Ce n’est pas simplement passer un diplôme, c’est aussi vivre une expérience», s’exclame-t-il.
Pour Joannie Fogue, présidente de l’Association des universitaires de la Faculté Saint-Jean (AUFSJ), ce fut «un très grand succès». Le public et les artistes «ont bien reflété la diversité du Campus Saint-Jean».
Le public et les artistes «ont bien reflété la diversité du Campus Saint-Jean.» Joannie Fogue
Développer le cadeau du langage
Pierrette Requier, l’artiste-créatrice d’un bilinguisme rassembleur comme elle aime à se qualifier, explique que le multilinguisme est un cadeau précieux. Pendant ses 18 années d’enseignement dans les écoles francophones et d’immersion française, elle a découvert la force de la poésie. «La poésie enrichit la francophonie.» Elle n’hésite pas à la qualifier de canal de communication passionnant pour les apprenants.
La jeune étudiante McKenna Chappell essaye d’embrasser la culture francophone le plus souvent possible. «C’est une communauté vibrante et je suis très fière d’en faire partie», s’exclame-t-elle. Elle revendique l’importance d’encourager et de continuer à participer à la vie de cette communauté francophone d’Edmonton. Elle profite amplement de ces moments au sein de la communauté pour communiquer et perfectionner son français, sa deuxième langue. Le tout avec énormément de plaisir!
Depuis la scène, face au public, Joannie Fogue réalise combien la diversité est importante dans la jeunesse francophone d’aujourd’hui. «Quand on regarde les spectateurs et les artistes, il y avait des gens de toute expression française, de partout dans le monde.» Elle insiste sur l’aspect rassembleur et unificateur. «Les gens peuvent venir tous ensemble pour apprécier la même langue, mais en étant capables de raconter différentes histoires et expériences vécues.»
La langue au service des communautés
Bernard Salva croit en cette poésie qui apporte de la vie à la francophonie albertaine. «On apprend à aimer les mots en français, on apprend à les faire danser.» Il souligne que les étudiants n’apprennent pas simplement un français pratique et professionnel, ils apprennent aussi à jouer avec les mots, un peu comme des enfants qui redécouvrent la langue, une langue rythmée, éclectique.
«On apprend à aimer les mots en français, on apprend à les faire danser.» Bernard Salva
Si elle est bénéfique pour les Franco-Albertains, la poésie peut l’être pour toutes les communautés, explique Pierrette Requier. «C’est un genre de vérité.» Originaire de la région de Rivière-la-Paix, elle mentionne que chacun de nous vit une vérité qui est proche de ce que l’on est en tant qu’individu. Elle ajoute qu’avec le slam, «on peut se faire voir et entendre. C’est le but de la poésie, mais c’est quand même un risque de se montrer, se mettre à nu».
«C’est quand même un risque de se montrer, se mettre à nu.» Pierrette Requier
Originaire du Cameroun et francophone, Joannie Fogue espère voir cet évènement se reproduire plus souvent au Campus Saint-Jean. Elle est persuadée que ces manifestations culturelles aident à la préservation de la francophonie, mais aussi à sa diversification. «Je crois que ce serait bien d’être en mesure de créer cet évènement comme quelque chose de pertinent et important dans notre communauté francophone», assure-t-elle.
Un avis partagé par Bernard Salva qui confirme la pérennité de l’évènement, tout en espérant un jour présenter «une nuit du slam». À suivre…
Provenant de l’expression anglaise slam poetry (où slam est une onomatopée qui imite le son d’un claquement ou d’un coup), le slam consiste en une forme de poésie orale rythmée, urbaine, qui a lieu dans un endroit public et qui prend la forme d’une rencontre ou d’un spectacle. Il s’agit d’un art du spectacle oral et scénique, axé sur les mots.
Les rencontres ou les spectacles de slam impliquent parfois des compétitions ou des tournois avec un jury désigné dans l’audience. Ce mouvement poétique prône des valeurs de partage, de démocratie et de dépassement des barrières sociales tout en laissant une grande liberté aux poètes.
Source : alloprof.qc.ca